N a t h a n a ë l • oh, you're so naive yet so.

Ce matin, Ulrich s'était réveillé, ou plutôt, son corps avait repris conscience accompagné d'une grosse boule au ventre et d'un insupportable mal de tête. Il n'avait pas vraiment dormis de la nuit. Monsieur avait papoté avec Theodore via son blackberry à propos des préparatifs pour le jour J, soit aujourd'hui, l'enterrement de la petite Mandy Pensworth. Bien sur, il avait pris soin de supprimer tous les messages, tous les historiques, toutes les traces de messages douteux sur son mobile. Enfin, bref, Ulrich s'était levé de son lit avec peine, s'était douché et n'avait pas réussi à avaler ne serait-ce qu'une tranche de pain pour le petit-déjeuner. Tout le répugnait et il n'avait envie de rien. Juste de rester chez lui, à lire un bon bouquin, ou à mater la télé, mais cela allait être tout autre. Il allait devoir ramener son popotin à l'enterrement de la victime. Et seul Dieu pouvait s'imaginer à quel point ça le faisait flipper. Le jeune homme se vêtit d'un costume noir et sobre que son père lui avait offert pour sa remise des diplômes, et attacha le nœud papillon de façon soignée. Il était hors de question d'avoir l'air négligé. Même Teddy l'avait promis, il allait être classe. Plus l'heure fatidique à laquelle il allait devoir partir se rapprochait, plus sa migraine devenait insupportable. Une main sur le front, notre numéro deux attrapa un médicament qu'il ingurgita à l'aide d'une gorgée d'eau, et se fixa dans la vitre qui renfermait les verres. Il ne fallait pas qu'il ai l'air complètement mort à l'événement, et c'était plutôt mal parti. Son était teint pâle, des cernes bleuâtres étaient visibles sous ses yeux... La totale, quoi. Poussant un long soupire tout en tentant de rester calme, Mr. Stevens attrapa un cachet de vitamine C qu'il fit dissoudre, et l'avala cul-sec. Garder.son.calme.Garder.son.calme. C'étaient les uniques mots qui occupaient et raisonnaient dans sa tête. Oui, autrement, il allait exploser. Il restait une heure avant qu'il doive s'en aller. Qu'allait-il bien pouvoir faire ? Sur ce coup, il avait vraiment été trop précautionneux. Ulrich commença à faire les cents pas dans son habitation, craquant ses doigts et passant ses mains dans ses cheveux bruns sans relâche. Jusqu'à ce qu'il trouve un paquet de cigarettes posé sur la table basse du salon, surement vestige d'une visite de Théo. Il ouvrit le paquet, prit une cancéreuse entre ses doigts et la porta à sa bouche. Rapidement, il alla trouver un briquet, et alluma le tube blanc. Rares-étaient les fois où le jeune homme fumait, mais là, il lui fallait vraiment quelque chose. Ainsi, tout en tirant sur le filtre, Ulrich chopa un Schweppes dans son frigo, décapsula la bouteille, et s'en servit un verre. Enfin un peu de réconfort dans ce monde. Ce n'était pas grand chose, mais au moins, il était occupé. Quarante minutes plus tard, le liquide avait disparu et sa cigarette n'était plus que mégot. Autant vous dire qu'il avait prit son temps. De là, son stress reprit, et il dut patienter de longues minutes avant que sa montre lui indique le signal de départ.

A son plus grand regret, notre jeune homme était arrivé à destination bien plus vite qu'il ne l'aurait voulut. D'habitude, il appréciait la plénitude des cimetières, leur côté mystérieux et leur atmosphère étrange. Mais là... on ne pouvait pas vraiment dire que c'était le cas. Il gara sa voiture non loin des lieux, et ne se résolut pas à sortir immédiatement. Une sueur froide s'était emparée de lui, ses mains étaient moites sur le volant qu'il tenait encore fermement entre ses mains, et de nombreuses interrogations commençaient à peupler son esprit. Et si tous les M7 n'avaient pas daignés venir ? Et si jamais l'autopsie les avaient trahis ? Non, c'était impossible, depuis le début de la team, aucun soupçon n'avaient été élaborés à leur égard. Ulrich chassa toutes ses pensées négatives, et procéda à une rapide inspection de sa petite personne. Son visage avait reprit des couleurs et il avait l'air un peu plus frais que le matin même... Parfait. Il frotta ses mains contre ses cuisses, pris une profonde inspiration, et sortit de sa caisse. Son regard parcourut les alentours. Le monde commençait à affluer, tout vêtu de noir. L'air détaché, Ulrich pénétra dans le cimetière, et tenta, le plus discrètement possible, de repérer les M7. Jaeden. Ouf, il était là. Il n'avait pas l'air le plus détendu du monde, mais au moins il était là. Theodore n'avait pas encore l'air d'être arrivé, mais c'était évident qu'il serait de la partie très bientôt accompagné de son petit frère. Joshua l'avait appelé la veille pour lui demander des précisions, Kaleigh avait dit qu'elle viendrait avec Jack. Seul Jackson Isaiah n'avait pas vraiment confirmé. Certes, nous lui avions dit que nous devions tous y être et il avait acquiescé, mais Jackson... c'est Jackson. Il avait intérêt à se ramener illico presto, où ça irait mal pour lui. Ulrich n'était vraiment pas d'humeur à stresser davantage. Sa façade toujours aussi impassible qui couvait très bien ses petits tourments, Ulrich salua les personnes qui se trouvaient sur son passage tout en se dirigeant vers les parents de la défunte qu'il avait repéré grâce à un petit attroupement situé non loin de lui. Arrivé à leurs côtés, le jeune homme fit une légère courbette, et prit une voix sincèrement désolée. D'ailleurs, ça, ce n'était pas de la comédie. Désolé, il l'était. Jamais il n'avait désiré la mort de la petite Mandy, tout comme les autres M7.

─ Ulrich • Toutes mes condoléances. Cela n'aurait jamais dû arriver.

Il se redressa et croisa le regard de la mère. Le même que celui de sa fille. La seule différence était l'expression qu'il dégageait. Celui de madame exposait de la tristesse, tandis que celui de mademoiselle avait montré de la peur. Et là, Ulrich se revoyait, le corps encore chaud de la victime dans les mains, en train de le déposer dans la lisière de la forêt. Il avait été profondément écœuré par cette odeur terrible qui lui prenait les narines, par le sang qui, malgré les pansements pour tenter de stopper l'hémorragie, continuait de couler sur ses gants en latex qu'il avait nettoyé puis jeté. Cela avait sans doute été la pire de toutes ses expériences. Il re-visualisait les yeux révulsés de la jeune fille, qui, souffrant sans doute même droguée, n'avait pas eu la force d'émettre un son lorsque Jackson la dépeçait. Le sang qui coulait à flots de son ventre, et l'arrêt brutal de tout signe de vie chez la jeune fille étaient encore dans la tête d'Ulrich. Mais quel con ce Jackson, mais QUEL CON ! C'était bien à cause de lui qu'ils étaient dans une merde noire pareille ! Ulrich fulminait intérieurement, mais, naturellement bon dans le jeu du "je cache ce que je pense", il avait gardé sur son visage cette expression calme et imperturbable. Le couple avait remercié numéro deux, et ce dernier était reparti à la quête de têtes qui pouvaient lui être familières, et pas uniquement celles de M7. Sa recherche n'allait pas tarder à porter ses fruits, puisque les personnes foulant le sol des morts étaient de plus en plus nombreuses.